14 octobre 2011

Les rendez-vous d'artiste



 "L'art et rien que l'art, nous avons l'art pour ne point mourir de la vérité"
Friedrich Nietzsche


J'ai eu la chance, enfant, de fréquenter pendant de longues années l'atelier de jeunes des arts décoratifs de Paris au Pavillon de Marsan. Dessiner, peindre, modeler dans un endroit aussi merveilleux, jouxtant le jardin des Tuileries et le Louvre a fait naître en moi un goût prononcé pour les belles choses.

Mon professeur, Pierre Belvès, promenait son regard curieux sur l'histoire de l'art et c'était passionnant. Je ressentais une sorte d'admiration face à sa connaissance et de respect face à sa pédagogie. Il m'a dédicacé son livre de quelques lignes affectueuses et l'a orné d'un grand dessin. Si je ne devais conserver qu'une seule chose ce pourrait être celle-là.

De cette période, j'ai gardé l'attrait pour les expositions de peinture que je visite à ma manière impatiente. Je commence toujours par un grand tour, ensuite je reviens sur mes pas et je m'arrête devant les tableaux qui me plaisent particulièrement. Pour finir, je n'en choisis qu'un seul, mon favori, et je respire avec tout le plaisir que peut procurer mon regard sur la toile.

Hier, je me suis rendue à l'Orangerie pour un bain de lumière : l'Espagne entre deux siècles. Superbe ! (Mon favori : la sieste).


Le musée de l'Orangerie bénéficie d'un emplacement extraordinaire entre la place de la Concorde, sa perspective sur l'Arc de triomphe et le jardin des Tuileries avec en point de mire la pyramide du Louvre. De taille humaine, on s'y promène insolemment entre les Monet, Picasso, Derain, les Soutine, Modigliani... Le talent de la forme et de la couleur. Visiter une exposition c'est tout une atmosphère ; il faut se donner le temps de l'abandon et du rêve.

La grande prêtresse américaine de la créativité, Julia Cameron, parle des "rendez-vous d'artiste" comme d'un outil incontournable pour nourrir sa capacité à inventer. Elle les décrit comme "une expédition hebdomadaire permettant de plonger dans quelque chose de festif ou d’intéressant sur le plan créatif." soulignant que "l'artiste qui oublie comment jouer oublie rapidement comment travailler".

Pas facile de jouer dans notre monde où même la joie est suspecte.  L'art est  un des derniers refuges pour penser autrement.






Tableau : "Noce à Valence" de  Hermen Anglada-Camarasa

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