10 février 2012

Une littérature pour tuer ?


"La littérature ne change ni l'homme ni la société. Pour autant, l'absence de littérature rendrait l'homme encore plus infréquentable."
Tahar Ben Jelloun


Suggestions de trajet de coaching
- S'autoriser à publier, à montrer son travail, son talent
- Améliorer sa prise de parole en public
- Apprendre à captiver, à convaincre


J'aime beaucoup regarder l'émission de télévision "La grande librairie". Chaque semaine, elle réunit autour de François Busnel des écrivains au style très différent.

Tout d'abord, j'apprécie cet animateur au chic d'une désuétude contemporaine, animé d'un sourire à la hauteur de son plaisir pour les textes, sa rapidité d'esprit, sa pertinence respectueuse. Bel homme il a l'élégance que confère une certaine simplicité à incarner ce que l'on est.

J'aime également la pédagogie de l'émission. Enfin on contextualise efficacement et rapidement les auteurs en donnant la parole à des critiques littéraires qui visiblement connaissent et apprécient l'écrivain dont ils parlent. Puis il y a cette variété d'auteurs toujours surprenante, capables de vous absorber totalement par l'originalité de leur récit et la richesse de leurs recherches.

Hier, François Busnel a présenté l'écrivaine et éditrice Chloé Delaume que je ne connaissais absolument pas. Auteur d'une vingtaine d'ouvrages à succès, elle avoue sans retenue qu'elle "écrit pour tuer" (un de ses romans avait pour objectif de tuer véritablement sa grand-mère. Ce qui fut fait.)

Son histoire personnelle est au-delà du tragique, sa vie un combat contre la tentation de son suicide (qu'elle a raté plusieurs fois), son style détonnant et violent. La particularité de son dernier roman est qu'il se construit à partir de la mort réelle d'une de ses lectrices (il y en a eu plusieurs) qu'elle assume comme une des responsabilités auxquelles tout écrivain doit faire face. Chacun le sait : les mots peuvent tuer.

Personnellement, même s' il existe chez moi une certaine curiosité pour ceux qui font de leurs tourments profonds l'objet de leur grand œuvre, j'ai du mal à faire la part entre ce qui relève du plaisir sadique et ce qui relève de la littérature. J'ai du mal avec le mal. L'actualisation de son droit d'expression, même quand il s'organise avec un certain talent est-il forcément de la littérature ? Suffit-il d'écrire "roman" sur la couverture pour s'affranchir de ses devoirs de citoyen ? La littérature absout t-elle tous les crimes ?

Pour autant, je ne pense pas que la littérature doive répondre à des codes et ne se limiter qu'à la bien-pensance -suffisamment de livres ont déjà été brûlés !!!- Je pense qu'on doit avoir le droit de tout écrire mais je me demande s'il n'est pas de l'honnêteté de l'écrivain d'ajouter la virulente mention de "pamphlet" là où il se cache derrière le doux mot de roman .


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