7 avril 2010

Ombre et lumière



Ombre et lumière



Les vacances sont déjà derrière nous mais leur ombre plane encore délicieusement sur l'aplat de notre bureau. Notre théâtre intérieur refuse d'afficher les programmes de rentrée et l'écran de nos pensées nous renvoie en boucle les éclats de rire des moments d'été. Pourtant septembre est bien là. Il faudra bien y mettre les pieds et faire scintiller nos missions dans un nouvel horizon.

C'est amusant que l'ombre puisse à la fois suggérer la fraîcheur et la terreur. La fraîcheur vient de ce que nous nous protégeons de la lumière qui brûle et qui révèle, de la chaleur qui étouffe et nous fait parfois perdre la tête. A l'ombre nous sommes un peu cachés, le corps à bonne température, nous voyons mieux que nous ne sommes vus.

L'ombre c'est aussi le début de l'obscurité, nous avançons à tâtons les mains en avant et le pas peu sûr, les sens à vif et l'imagination en feu.
L'ombre c'est le début du mystère, c'est aussi très excitant ...

"L'ombre" c'est également un élément de la théorie jungienne. Dans cette approche psychanalytique, l'ombre regrouperait l'ensemble des caractéristiques non acceptées par le Moi conscient : nos peurs, nos manques, nos faiblesses, ce que nous jugeons être nos travers gênants et dérangeants mais également nos tendances non reconnues (cf : la malediction de l'ombre - C.S. Carstensen). Nous aurions rejeté dans l'ombre ces traits, aptitudes... par peur d'être ... rejeté(e) par les personnes importantes de notre vie.

Cette théorie de "l'ombre" est très intéressante. Tout d'abord elle nous permet de faire le deuil de cet être totalement lumineux qu'il nous faudrait être. Nous avons tous nos parts d'ombre et de lumière. Ensuite, cette ombre -si on prend le temps de l'interroger- est une source inestimable de connaissance de soi (Qu'ai-je refoulé pour plaire ou survivre dans mon environnement et qu'il est possible aujourd'hui d'exposer à la lumière ?). Enfin, elle va nous permettre de transformer ce qui nous paraissait jusqu'alors insupportable chez l'autre en une ressource de confort et de bien-être.

Comment faire ?

Commencez par dresser la liste de :

- ce que vous détestez dans le comportement d'autrui. Par exemple : la colère, le laxisme, le perfectionnisme, les rires incessants, les gens qui dessinent, ... ;

- les sujets de discussion que vous avez tendance à fuir ;

- les domaines dans lesquels vous angoissez à l'idée de révéler une faiblesse ;

- les critiques qui vous blessent le plus...


Soyez sincère avec vous-même.

Une fois cette liste faite, vous voilà en possession de votre ombre c'est à dire de ce que vous refoulez depuis toujours pour être accepté(e) par votre groupe. Vous voilà entier ! A présent, demandez-vous quel intérêt pourrait aujourd'hui avoir pour vous ces qualités/traits/comportements rejetés...


Exemple 1 : Je ne supporte pas les personnes qui travaillent la porte du bureau fermé.

Ombre : (ce que j'ai mis dans l'ombre) pouvoir fermer la porte réelle ou symbolique, ne pas être vu, avoir son monde à soi...

Questionnement sur l'ombre : ne serait-il pas intéressant pour moi de ne pas tout montrer, tout dire. Suis-je vraiment obligé/e d'être disponible à 100 % tout le temps. Qu'est-ce que je gagnerais à fermer un peu la porte quelque fois, à garder les choses pour moi, à me ménager du temps personnel, à penser à moi ?


Exemple 2 : je n'aime pas les gens qui parlent de leur vie privée

Ombre : (ce que j'ai mis dans l'ombre) parler de sa vie privée, parler de soi, de ce qui se rapporte à soi...

Questionnement sur l'ombre : si j'étais capable de donner un tout petit peu d'informations sur ce que je fais en dehors de ce que l'on sait de moi que cela changerait-il dans mes relations professionnelles et/ou personnelles ? Cela m'aiderait-il à tisser du lien ? Ne serais-je pas plus sympathique, abordable, attachant, aimable pour moi et pour les autres ?


Voilà, vous êtes fin prêt pour porter votre habit d'ombre et de lumière, le sourire aux lèvres et l'air tout à fait décontracté puisque bien plus léger.


Jeu de pupilles dans l'ombre et la lumière

La pupille se dilate quand il y a peu de lumière et rétrécit sous un fort éclairage pour contrôler la quantité de lumière qui atteint la rétine. La pupille est également sensible à un autre type de stimulation : le plaisir.

Quand l'oeil voit (sent, pense à ...) quelque chose d'agréable la pupille se dilate un peu plus que la normale. Dans le cas contraire, elle se réduit à la taille d'une tête d'épingle. Ainsi, les amoureux se regardent dans le blanc des yeux avec les pupilles dilatées malgré un halo de lumière. Cette dilatation vient masquer les petits défauts de l'un et de l'autre pour le rendre bien plus beau qu'il ne l'est.


(Le langage des gestes, Joseph Messinger)
Merci Xavier!


Nathalie Vogelsinger-Martinez

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